Les Reines du drame, Alexis Langlois

Nostalgique des années 2000? Des divas pop à la Britney Spears? Et bien, plongez-vous dans la romance fulgurante de Mimi Madamour (Louiza Aura) et Billie Kohler (Gio Ventura) dans Les Reines du drame, le dernier film d’Alexis Langlois. Avec sa comédie musicale délurée, elle propose aux spectateur.ices une aventure palpitante et une histoire d’amour flamboyante.

© BAC FILMS

Tout débute avec la jeune star montante Mimi Madamour, icône pop et candidate de Starlettes en herbe (hommage à la Nouvelle Star et à la Star’ac) et sa rencontre avec l’artiste punk Billie Kohler. C’est le coup de foudre et de leur union naîtront des compositions musicales hautes en couleur, à retrouver dans la bande originale du film, avec des musiques de Pierre Desprats et des chansons originales de Yelle ou encore Rebeka Warrior. À travers cette histoire des temps 2000, et qui s’étend sur une cinquantaine d’année, Alexis Langlois met en lumière les figures délaissées de notre jeunesse. Elle expliquait que le film est marqué de « l’envie de célébrer toutes les personnes has-been et les ringardes¹ ». Ces starlettes oubliées et démodées sont remises sur le devant de la scène à travers l’univers éclatant de la réalisatrice. Ainsi, l’idée de ringard est traitée de façon prononcée. Les physiques sont déformés par la chirurgie esthétique et ce qui pourrait paraître de mauvais goût ou superficiel est célébré. Les artifices sont utilisés pour mettre en exergue les émotions des personnages. Le film est aussi teinté d’une forme d’humour empreinte de compassion et d’une idée ultra pop de jouer avec des images passées et actuelles. Dans cette intention de remonter le temps, le montage propose lui aussi un retour en arrière avec l’utilisation du fondu enchaîné qui convoque ainsi les codes d’une culture populaire des années 2000 (émissions de télé-crohets, clips) et ceux d’un cinéma classique.

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Signé d’une esthétique camp, c’est un film queer réalisé par des personnes queer. L’idée de communauté est très importante, elle traverse le film. C’est aussi une culture qui imprègne les films d’Alexis Langlois depuis ses débuts, elle explique : « Ce qui m’a libérée c’est quand j’ai commencé à sortir, à laisser vivre mon identité queer et à rencontrer d’autres personnes queer. C’est comme, si j’avais une deuxième formation, une fac alternative dans les clubs où les personnes queer me transmettaient leur culture que je n’avais pas² ». La réalisatrice racontait aussi vouloir avec ce film « donner des grands récits à des personnes queer, du romanesque³ », et ainsi rompre avec une idée que les récits queer s’apitoient. Ici, la réalisatrice parle de passion, d’une histoire d’amour qui traverse les âges, marquée de péripéties. Ce récit est conté par une figure des plus atypiques, Steevyshady, youtubeur et premier admirateur de Mimi Madamour. Ce conteur des temps modernes, pulpé de Botox et présenté via sa chaîne YouTube, s’illustre tel un fil rouge dans la narration. Son rôle aussi important que les passeurs d’histoires de tout temps est un marqueur temporel et un lien vers les décennies qui défilent et la descente aux enfers de nos personnages. Il s’agit d’une dualité entre Mimi et Billie, de mondes contraires. Le film joue sur cet esprit de fracture, de deux opposés, qui s’attirent et se repoussent. Ces univers nourrissent l’imaginaire pop et punk du film. Chacun.e représente une figure des genres qui s’unit en chanson pour un moment final puissant. Les Reines du drame peint une fresque musicale chatoyante et joyeuse, de la pop, du drame, de l’énergie et du spectaculaire.

1. cf. Dossier de presse
2. Ibid.
3. Ibid.

Les Reines du drame, Alexis Langlois (115 minutes)
Sortie le 27 novembre 2024

Et pour la bande originale c’est par ici <3

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